Nos grosses émotions

Nous vivons dans un monde où le sang froid et la rationalité priment sur les émotions. Les expressions d’humeur sont souvent vues comme signe de faiblesse, de perte de contrôle, de vulnérabilité.

Qu’en est-il des émotions des personnes grosses qu’on suppose toujours dans l’excès ? On prend trop de place dans les transports, on a trop de gras sur le corps, trop d’émotions qui débordent.

« T’exagères ! » « T’es trop sensible, trop émotif-ve ! » Trop, trop, trop c’est trop. Aucun espace n’est là pour nous permettre de réagir à notre justesse. Alors encore une fois on le prend, on se laisse parler, râler et dessiner.

Ce quatrième fanzine est là pour permettre cette expression, laisser sortir nos émotions sans avoir peur du jugement. Claquer notre colère, se morfondre dans notre peine, faire exploser notre joie.

On espère qu’il vous plaira, n’hésitez pas à nous faire des retours, à envoyer vos idées de thèmes, vos participations.

La bonne grosse copine

Nous revoilà avec un troisième numéro du fanzine Luttes des gras·ses. Ce sujet on l’a choisi, car on en a souvent parlé, entre nous pour ne pas déranger. Ce terme n’est pas clair pour tout le monde et on ne peut pas vraiment te donner de définition de la bonne grosse copine.
Moi qui écris, je ne peux pas l’expliquer mais avec mes gros·ses on sait toutes et tous de quoi on parle. On s’est reconnu parce qu’on a compensé plus que de raison pour se faire accepter, parce que ce poids a pesé sur le cœur plus que sur la balance. A force d’être méprisé·e·s c’est dur de trouver sa place dans ce monde, mais être sympas et marrant·e·s c’est bien ça. Rendre service, écouter, s’effacer, c’est facile finalement. Faut du temps avant de s’en rendre compte, réaliser que dans la bande de copines on a toujours le même rôle, celui ou celle qui est considéré·e comme à côté, celui ou celle qui fait du bruit mais qui en dit peu, celui ou celle qui a force de l’entendre comprend qu’elle part avec un désavantage.
Cette bonne copine c’est celle de toutes les séries TV, qui mange beaucoup en riant ou qui est bouleversée et mal dans sa peau. En d’autres termes ; la seule à laquelle on pouvait s’identifier au point d’en devenir son clone. Cette bonne copine c’est celle à qui on a fait croire qu’elle ne serait jamais désirable, à qui on a fait croire qu’elle devait se contenter du minimum, quitte à souffrir un maximum. On ne veut plus de ça, on mérite d’exister et on mérite le respect, et ceci est adressé à tous nos ami·e·s qui visiblement n’ont toujours pas compris.

On a tenté à travers ces témoignages de donner de nombreux exemples, mais de toute évidence, ce fanzine nous parlera surtout à nous. Il est pour toutes celles et ceux qui se reconnaîtront, et puis peut-être que d’autres comprendront… Mais aujourd’hui ça n’est pas vraiment la question. On ne veut plus être invisible, on ne veut plus être maltraité·e·s, on ne veut plus se laisser faire sous prétexte que nos corps ne vous conviennent pas. On a le droit d’être aimé et je nous souhaite que la suite soit plus douce.

A bientôt pour un nouveau numéro et merci encore pour tous vos témoignages, vos confidences et votre talent.

Grossophobie medicale

C’est toujours dur d’introduire un sujet, d’autant plus quand celui-ci nous touche au plus près de nos corps. Après un premier numéro, les gros.ses reviennent s’exprimer cette fois sur la grossophobie médicale. Mille et un sujets auraient pu être choisi, ce n’est pas anodin que celui-ci ait raisonné si fort.

Parce qu’ils sont malmenés, parce qu’ils sont niés et parce que nous sommes sans cesse renvoyé.e.s à celui-ci, nous avons décidé de vous donner un aperçu de ce dont il est question lorsque l’on souhaite se faire soigner. Nous ne nous tairons plus, nous ne nous terrerons plus. Il s’agit ici de nos vies, nous refusons de les mettre en danger sous prétexte que nos corps écœurent et dégoûtent depuis la première année de médecine. Nous méritons une prise en charge de qualité, autant que nos corps méritent du respect. Nous ne supporterons plus aucune humiliation, et si telle est le cas – ne nous leurrons pas -, nous ne souhaitons pas les laisser sous silence. Nous ne devons plus nous sentir responsables de la malveillance d’un.e professionnel.le de santé, encore moins quand celui-ci n’est pas capable de faire un diagnostic cohérent et en lien avec les raisons de notre venue. Nous sommes fatigué.es et en colère, mais toujours pas prêt.e.s à se taire.

Tous ces témoignages ont résonné en nous comme des évidences, ça en devient effrayant de voir que nous sommes si nombreux.ses à vivre des situations violentes car gros.ses. C’est encore une fois avec rage et détermination que nous vous proposons ce fanzine.

A celles et ceux qui savent.

Puis à toutes celles et ceux qui pensent ne pas être grossophobes, vous vous mentez à vous-même.

Encore une fois, les gros.ses s’impriment, les gros.ses s’expriment !

À bientôt pour le #3

Premier fanzine

L’origine de ce fanzine, il a une envie très simple : s’exprimer. S’exprimer en nos noms propres, loin des étiquettes qui nous collent au corps en permanence. Prendre la parole, prendre de la place, loin de ceux et celles qui parlent en permanence en nos noms. On nous interdit d’être à l’aise dans nos peaux. On nous discrimine dans les espaces publics, dans nos lieux de travail, et la grossophobie nous suite jusque dans nos espaces privés. Nous refusons d’être assimilé·e·s, sans notre avis ni consentement, à la-bonne-copine-rigolote, la-maman-douce-et-bienveillante, la-meuf-désespérée-prête-à-tout-essayer, la-personne-paresseuse-qui-n’arrive-pas-à-se-prendre-en-main, barrez la mention inutile.

Notre corps est intime, mais il est opprimé ; et par cela, il devient politique. Voilà pourquoi nous avons choisi la non-mixité gros·ses sans mecs cisgenres pour l’élaboration de ce fanzine. C’est avec rage et détermination que nous nions à la société les droits qu’elle s’autorise sur nos corps. Nous prenons la parole dans ce fanzine, pour que nos témoignages, notre individualité, notre créativité soient, pour une fois, mis en avant.

Halte à la grossophobie ordinaire !

Réappropriation de notre image et de nos droits !

Les gros·ses s’impriment, les gros·ses s’expriment !